L’actualité sociétale nous ramène tragiquement à l’éclipse de sens que traverse notre société sur le sens du respect de la vie humaine. L’Assemblée Nationale a adopté, le 24 novembre dernier, une loi visant à constitutionnaliser le droit à l’IVG, sous les cris de triomphe de la part des « Insoumis » et des lobbies « féministes ».
Cette loi a bénéficié du soutien de toutes les sensibilités, RN compris, sauf notable exception. Témoins de la dégringolade généralisée, les rares « bastions » politiques où subsistaient un reliquat de conscience ont fini par céder eux aussi, reléguant le vote à une simple « opinion » personnelle, et marginalisant un peu plus l’engagement en faveur de la vie.
Les digues ont fini par céder, sous la pression médiatique et politique. Et la carte maîtresse en réalité se trouve aujourd’hui dans les mains du gouvernement. Emmanuel Macron a annoncé lors de la journée de la femme, le 8 mars, son intention d’inscrire le droit à l’IVG dans la Constitution, probablement sous la forme d’un texte plus général de révision constitutionnelle. Or ce n’est pas ce que demandaient les féministes, qui exigent qu’un texte spécifique soit proposé, et non un projet global qui rendrait, selon elles, le consensus beaucoup plus incertain.
Elles s’inquiètent également de la formulation, revendiquant d’inscrire « le droit à l’avortement, » et non, comme c’est le cas aujourd’hui dans le texte adopté au Sénat début Février, de « liberté d’interrompre sa grossesse » : la nuance n’est pas si anodine, puisque le mot liberté ne peut se comprendre qu’en référence au choix, donc à la possibilité d’une alternative – ce que la loi actuelle interdit.
L’inquiétude subsiste donc encore sur le contenu du texte que produira le gouvernement : on sait déjà, selon le HuffPost, que le terme « liberté » y figurera, mais en prévoyant simultanément d’interdire toute remise en question du texte : comme le disait Saint-Just, « pas de liberté pour les ennemis de la liberté ». Le soutien du parti présidentiel « Renaissance » à une loi qui consacre un droit de mort révèle avec une acuité glaçante le cul de sac moral et spirituel dans lequel est tombé notre société.
Simultanément, le gouvernement a lancé une offensive sur l’« euthanasie », en organisant une « convention citoyenne » ouverte le 9 décembre et rassemblant 170 participants, réunis sur neuf week-ends de trois jours pour « se prononcer sur l’opportunité d’une évolution du cadre légal » : hasard sinistre du calendrier, cette « consultation » aux faux airs de démocratie participative, dont on connaît déjà l’issue, sera clôturée le 19 mars 2023, le jour de la Saint Joseph.
Emmanuel Macron s’était gargarisé de l’extraordinaire « innovation démocratique » que représente cette convention citoyenne, par ces mots terrifiants : « cette convention démocratique, je la défends à mort… sans mauvais jeu de mots ». Voilà finalement bien résumée l’œuvre actuelle du gouvernement : entre IVG et euthanasie, le gouvernement laissera comme trace dans l’histoire celle d’un aéropage d’idéologues déconnectés du réel, ayant sacrifié, au nom d’une idéologie libertaire, la dignité des hommes et avec elle, celle du décalogue. Il n’est pas certain non plus que les fêtes de Noel et de Pâques survivront à ce travail de sape.
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