Gouvernement Attal : Macron panique, Sarkozy se prépare

    2024-01-17
    Temps de lecture 5 min
    Le nouveau Premier ministre français, Gabriel Attal, et son gouvernement suscitent quelques espoirs, et c’est normal, tellement humain, au regard de la situation particulièrement difficile que traverse actuellement la France.


    Il est vrai que le profil de Gabriel Attal dénote de celui de la dernière Première ministre et de tous les autres ministres qu’imposait, telles des punitions, Emmanuel Macron aux Français. Ils étaient tous si hautains, méprisants et avaient des discours tellement abscons que l’on pouvait croire que le Président les avait nommés juste pour atténuer aux yeux des Français son ton cassant et son incontinence verbale. L’on aurait dit qu’ils étaient fabriqués à la chaîne : premiers de classe, énarques, parisiens, inconnus du grand public, issus de familles bourgeoises, charisme de moules et tous habillés d’une cravate noire-costume sombre slim fit. Tous avaient ce point commun de n’avoir jamais rien construit ou prouvé en dehors de leurs études où ils avaient avant tout démontré leur capacité à répéter docilement ce que l’on leur avait appris, sans jamais rien remettre en cause. L’homogénéité sociale, pour ne pas dire la consanguinité, du nouveau gouvernement n’a pas vraiment changé, d’ailleurs, Gabriel Attal lui aussi est un Parisien, issu d’une famille aisée, mais son cursus scolaire n’a pas été particulièrement brillant, il s’est révélé sur le terrain, lors des campagnes électorales et ses missions dans divers ministères. Surtout il prend soin lors de ses échanges directs avec la population de ne pas être cassant mais au contraire il se montre courtois et affable. En plus, il parle de grandeur de la France et place l’autorité comme une valeur de « 1er ordre ». Pour faire simple, c’est un politique professionnel.

    Or Emmanuel Macron, en 2017, avait justement fait campagne sur le rejet de l’ancien monde, de tous ses politiques professionnels qui se préoccupaient plus de leurs carrières que des Français. Arrivé au pouvoir, il avait essayé d’en évincer un maximum. Mais gérer un État aussi administré que la France, en son plus haut niveau, ne permet pas d’y placer des personnes n’en connaissant rien. Si vous ajoutez à cela le fait que le Président aime l’exercice d’un pouvoir des plus vertical, vous comprendrez pourquoi il a nommé nombre de hauts fonctionnaires, obéissant au doigt et à l’œil, à des postes de ministre. De ce côté-là, le gouvernement Attal est un changement complet, car la majorité des ministres sont non seulement des politiques professionnels mais aussi de droite, issus notamment du parti Les Républicains de Nicolas Sarkozy. Beaucoup de commentateurs expliquent ces nominations par le virement à droite de la France, mais c’est le cas depuis longtemps et l’élection et la réélection d’Emmanuel Macron héraut du progressisme, penchant à gauche et issu de la gauche est une anomalie due à des circonstances exceptionnelles. Le naufrage des partis de la gauche et de la droite de gouvernement a amené les rescapés les plus fortunés à allier leurs enfants au centre pour garder le pouvoir. Mais hélas pour eux, le centrisme au pouvoir favorise toujours l’extrême droite et l’extrême gauche, car les populations exclues des largesses du pouvoir, essentiellement les classes populaires et moyennes, n’ont plus d’autres alternatives.

    La Macronie panique et envoie en première ligne le soldat Attal

    D’autres commentateurs expliquent que la grande crainte d’Emmanuel Macron est qu’il reste dans les livres d’histoire comme celui qui aura passé le pouvoir à Marine Le Pen en 2027 (En France la constitution interdit de faire plus de deux mandats d’affilée). Aussi, il aurait nommé Gabriel Attal, le macroniste le plus talentueux, Premier ministre afin de lui donner l’expérience et les réseaux suffisants pour pouvoir la battre. Le fait aussi qu’il nomme le Premier ministre le plus jeune que la France ait connu et le premier ouvertement homosexuel, démontrerait la volonté d’Emmanuel Macron de laisser une trace dans l’histoire d’une présidence placée sous le signe de l’audace et du renouveau. Mais est-ce si bienveillant de nommer un jeune homme de 34 ans, si talentueux soit-il, au pire moment de la présidence Macron ? Gabriel Attal va devoir gouverner un pays qui n’a pas été aussi fracturé depuis au moins 150 ans. Le niveau de sa dette et la dynamique de cette dernière sont de plus en plus comparables à ceux de la Grèce avant la crise. Les niveaux élevés de prélèvements obligatoires, parmi les plus élevés du monde, et les taux d'intérêt ne laissent plus aucune marge de manœuvre à un pays en proie à des divisions profondes, avec des élites politiques et médiatiques particulièrement discréditées, et en pleine crise politique se transformant peu à peu en crise de régime. Si Emmanuel Macron avait vraiment décidé de l’aider en prévision d’un affrontement avec Marine Le Pen, il l’aurait laissé quelques temps à l’éducation nationale, puis aux affaires étrangères, puis à la Défense, et à l’intérieur et éventuellement quelques mois avant les élections présidentielles il l’aurait nommé Premier ministre. En le nommant 3 ans avant les présidentielles, dans ce contexte, il ne peut que le griller. En plus Emmanuel Macron l’a mis dans un environnement particulièrement hostile, puisque tous les autres principaux ministres sont aussi des politiques professionnels qui veulent prendre sa place ou se présenter aux présidentielles. Ils feront tout pour qu’il échoue pendant ces prochains mois. Surtout M. Macron le démontre depuis le début, il ne lâche aucune miette de son pouvoir à personne et est incapable de trancher la moindre question. Un jour il dit blanc, le lendemain noir et le surlendemain il ne fait rien. Dans ces conditions, Gabriel Attal ne peut qu’échouer, même si pour mon pays, j’espère avoir tort.

    À mon sens, la Macronie et son chef sont en pleine panique. Ils se rendent bien compte que l’autorité d’Emmanuel Macron s’amenuise chaque jour, se réduit comme peau de chagrin. Les émeutes de cet été, le massacre de Crépol, la loi immigration ont bien démontré que la France était passée du stade de crise politique à la crise de régime. De plus, les Français n’en peuvent plus du « en même temps » présidentiel. Il est clair que la très grande majorité de la population aspire à bien plus d’ordre, d’autorité, que la France a défaut de retrouver son rang, soit au moins respectée et que l’immigration de masse soit stoppée. Des aspirations plutôt de droite, même si elles semblent surtout de bon sens au regard de la situation actuelle de la France. Aussi en nommant majoritairement, aux principaux ministères des politiques de droite, l’on pourrait croire que Macron va enfin donner satisfaction aux Français. Mais, s’il le souhaitait vraiment, il aurait fait une coalition avec les partis de droite à l’Assemblée nationale et au Sénat, afin de s’assurer d’une majorité qui lui manque tellement pour gouverner et donc asseoir son autorité. Au lieu de cela, il a préféré leur « voler » leurs principales figures sans leur accord. Il aurait dû au moins nommer un Premier ministre ayant une forte assise à droite au lieu de Gabriel Attal, qui vient de la gauche et qui a toujours été rétif à un contrôle fort de l’immigration. Non, encore une fois Emmanuel fait du « en même temps ». Il nomme un Premier ministre de gauche pour diriger des ministres de droite. Il met le politique professionnel le plus faible à la tête de poids lourds de la politique qui n’auront de cesse de passer au-dessus de lui pour passer en direct avec le président, renforçant ainsi la verticalité du pouvoir de Macron.

    Un remaniement pour combler un vide politique et gagner les élections européennes

    Avec ce nouveau gouvernement, Emmanuel Macron comble temporairement le vide politique créé par son pouvoir sans cesse déclinant par le feuilleton (déjà presque trois semaines que cela dure) de la mise en place d’un gouvernement fort, composé de ministres ayant un vrai poids politique. Et surtout, il prépare les élections européennes qui promettaient d’être un raz-de-marée pour le Rassemblement National de Marine Le Pen, seul parti identifié comme sincère dans sa volonté d’arrêter l’immigration de masse, de rétablir un minimum d’ordre et la fierté d’être Français. Il espère ainsi rejouer le coup de Nicolas Sarkozy lors de la présidentielle de 2007 qui avait préempté les thèmes du FN et l’avait fait reculer. La cible étant les classes populaires et moyennes. Cet été, si les élections européennes venaient à être un tsunami pour le RN et qu’en plus les JO de Paris se passaient mal (émeutes, saccages, pillages ou vols en série de touristes), alors il ne resterait sûrement plus beaucoup de temps à Emmanuel Macron à la tête de l’État. Dans la situation calamiteuse actuelle, tout ce que peut faire le Président sur le terrain au niveau sécuritaire est de limiter au maximum les transports et déplacements de la banlieue vers Paris. Par contre, pour la campagne des élections européennes, il possède encore de nombreux leviers. Vous remarquerez d’ailleurs qu’il a nommé un proche, Stéphane Séjourné, jusqu’alors député européen, président du groupe Renew (groupe du parti d’Emmanuel Macron au Parlement européen), Ministre de l'Europe et des Affaires étrangères. Stéphane Séjourné, outre d’être l’ancien compagnon de Gabriel Attal, est comme lui, un ancien du parti socialiste et premier supporter d’Emmanuel Macron. Avec Gabriel Attal, il fait partie des rares talents que le « macronisme » aura fait émerger. Notez aussi qu’un autre personnage, indéfectible de la garde rapprochée du Président, mais aussi l'un des plus proches de Gabriel Attal, l’ancien ministre de la Santé et porte-parole du gouvernement Olivier Véran, quitte le gouvernement pour, selon les médias français, devenir la tête de liste aux européennes du parti présidentiel. Emmanuel Macron comme en 2017 part au combat pour les élections à la tête d’un commando qui aura cette fois en plus tous les moyens de l’État et laisse les apparences du pouvoir à un gouvernement de droite afin d’élargir son assise électorale aux classes moyennes et populaires. C’est le but principal de ce remaniement, empêcher le RN de crier victoire aux européennes et garder le pouvoir autant que faire ce pourra.

    Sarkozy, président de la République en 2027 ?

    Enfin, et pour l’anecdote, qui ne s’en révélera peut-être pas une, Rachida Dati a été nommée à la Culture. Ministère clé pour toutes les grandes élections, européennes mais aussi et surtout présidentielles, car le monde de la culture, du show-bizz et des médias en France est très fortement subventionné. Aussi le parti détenant les manettes de ce ministère s’assure un minimum de bienveillance des principaux acteurs de ces secteurs si importants dans une élection nationale. Or, tout le monde le sait, c’est Nicolas Sarkozy qui a lancé Rachida Dati en politique et lui en est toujours très redevable. Nicolas Sarkozy qui se veut le grand parrain de la droite française, ne pouvant vous garantir d’être élu, mais pouvant vous en empêcher de l’être sans son adoubement. Nicolas Sarkozy qui peut tant aider Emmanuel Macron via ses amitiés. Avec par exemple les deux propriétaires des deux principaux groupes de médias de masse privés français, l’un de droite « progressiste » et l’autre de droite « non-progressiste », qui ont accueilli, pour l’instant en tout cas, favorablement voire très favorablement le nouveau gouvernement. Il a aussi toute l’« amitié » de Poutine et l’émir du Qatar. Le 1er dont on se demande ce qui pourrait l’empêcher d’utiliser ses agents et les migrants pour nous déstabiliser pendant les JO et les élections européennes (comme il l’a fait contre la Pologne via la Biélorussie en 2021) alors qu’il contrôle via ses proxies africains les principaux couloirs de migration, surtout que cela pourrait favoriser aux élections les partis les « moins pro-Ukraine ». Quant au second, il a démontré son pouvoir de persuasion auprès de groupes terroristes, comme le Hamas, qui pourraient être aussi tentés de déstabiliser la France cet été. Voir en tout cela un accord Macron-Sarkozy pour assurer au premier d’aller jusqu’au bout de son mandat, voire même de présider l’Europe ensuite et au second de redevenir président en 2027, ou de le désigner, n’est bien sûr que pure spéculation permettant de faire travailler nos neurones.

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