Pour le meilleur et pour le pire, la voiture a révolutionné notre mode de vie, en changeant drastiquement notre rapport à l’espace. Je ne compte pas ici, et maintenant, faire le bilan de cette révolution. Elle est derrière nous, et nous faisons face à un état de fait : la voiture est aujourd’hui pour beaucoup tout sauf un produit de luxe. Indispensable pour des millions de personnes afin qu’ils puissent aller travailler, elle est aussi un des principaux piliers de notre liberté, celle de mouvement.
On se souvient qu’en URSS existaient des passeports intérieurs, qui limitaient les citoyens soviétiques dans leur capacité de déplacement au sein même de leur pays – et je ne parle même pas de la difficulté à quitter le pays.
Il semblait, jusqu’en 2020, inconcevable que notre liberté de déplacement soit de nouveau entravée en Europe. Mais depuis mars 2020, cela est revenu. Pour raison sanitaire d’abord, on voit que les fous du climat s’engouffrent dans la brèche pour déplacer la fenêtre d’Overton. Pour « sauver le climat » (certainement l’expression la plus idiote de ce siècle), certains disent désormais ouvertement qu’il faudrait limiter indistinctement les déplacements de tous. Qui ne voudrait pas protéger la planète ? Voilà la solution qui s’impose petit à petit : limiter nos déplacements – de force.
Outre l’explosion du prix des carburants, les mesures de covoiturage, d’exclusion des villes, d’interdiction des moteurs thermiques, les contraintes techniques de plus en plus élevées aux contrôles techniques, sont autant de mesures pour pousser à abandonner sa voiture – ce que l’électeur en faveur de ces mesures peut faire, vu qu’il habite en centre-ville où tout est fait pour lui, contrairement au banlieusard ou au provincial.
Mais ce n’est pas tout. En parallèle, c’est le concept même d’automobile individuelle qui est en danger. Début 2023, une information passée relativement inaperçue a fait une certaine sensation dans le petit monde de l’automobile : le constructeur américain Ford a déposé un brevet pour un système permettant aux huissiers de récupérer automatiquement, sans chauffeur, un véhicule en cas d’endettement.
Dans un premier temps, en cas d’impayé, il serait possible de désactiver à distance certaines options d’un véhicule, comme par exemple la radio ou le chauffage. Par la suite, des mesures plus contraignantes pourraient être envisagées, comme un bruit permanent dans le véhicule pendant son utilisation, ou bien encore son blocage partiel ou total.
Le brevet de Ford précise qu’en cas d’urgence, par exemple médicale, le verrouillage du véhicule pourrait être suspendu. Dès lors, ce serait l’intelligence artificielle et la caméra du véhicule qui prendraient la décision d’autoriser ou non de nouveau le chauffeur d’utiliser le véhicule.
En dernier lieu, la saisie du véhicule pourrait être effectuée à distance, sans chauffeur, le véhicule étant conduit automatiquement chez l’huissier, ou bien à la casse s’il n’est pas économiquement viable de le saisir.
Ce scénario, qui pourrait sembler pour beaucoup digne d’un film de science-fiction, est absolument réel. Certes, le projet de Ford n’en est encore qu’à l’état de brevet déposé. Mais tout ce qui est décrit dans ce brevet est d’ores et déjà réalisable.
Cela est notamment rendu possible par l’évolution des véhicules, qui sont devenus ces dernières années de véritables ordinateurs bourrés d’électronique, pour le meilleur mais aussi peut-être pour le pire.
Depuis l’été 2022, tous les véhicules vendus neufs au sein de l’Union européenne sont équipés d’une boîte noire, comme sur les avions. Sous le prétexte de la sécurité, ce dispositif dans un premier temps est censé limiter la possibilité d’un véhicule de rouler au-delà des limitations de vitesse autorisées, notamment en réduisant le régime moteur.
En France, certaines compagnies d’assurance proposent d’ailleurs déjà aux automobilistes de s’équiper gratuitement de cette boîte noire, moyennant une ristourne sur leur police d’assurance.
Toutefois, difficile de ne pas imaginer que ce dispositif puisse très rapidement avoir d’autres utilisations. Souvenons-nous par exemple de la période très récente du printemps 2021, où les Français étaient enfermés chez eux le soir et avaient le droit à certaines heures de la journée de se déplacer dans un rayon limité à 10km de leur domicile.
Autre usage potentiel des technologies modernes qui équipent les véhicules, lorsque l’on voit se multiplier les radars contrôlant les vignettes « Cirt’Air » dans les zones urbaines, qui tendent à instaurer un véritable apartheid social dans les métropoles en réservant le droit de se déplacer en automobile aux seuls personnes ayant les moyens d’acheter un véhicule récent, ou bien les radars thermiques contrôlant la présence de plusieurs individus sur les voies de circulation réservées au covoiturage.
S’il est vrai que la circulation automobile dégrade la qualité de l’air et de la vie des métropoles, il est très illusoire de penser que le tout-électrique va régler le problème, d’autant qu’il en générera d’autres. Sans oublier que l’industrie de la voiture électrique n’est propre que pour les utilisateurs, la pollution étant délocalisée.
Et encore, c’est oublier qu’une partie de la pollution engendrée par la circulation des voitures est liée au freinage ou à la dégradation des pneumatiques, autant de problèmes tout aussi existant sur des vieux diesels que sur des voitures électriques flambant neuves.
Une autre tendance qui interroge est celle mise en place notamment par le constructeur allemand BMW, consistant à rendre payantes par abonnement mensuel certaines options, comme par exemple les sièges chauffants.
En clair, un consommateur achète (souvent cher) un véhicule, incluant des équipements présents et opérationnels dans la voiture. Tout ceci est censé lui appartenir, mais il doit quand même continuer à payer par abonnement certaines de ces fonctions.
Cette logique, permise par une expansion du capitalisme sauvage et une régression réelle de la défense du droit des consommateurs, ouvre progressivement la porte à l’idée qu’à l’avenir, on ne sera plus propriétaire de son véhicule, mais qu’au mieux on le louera, par exemple sous la forme de crédit-bail.
Ces tendances sont d’autant plus inquiétantes dans un pays comme la France où les transports publics desservent extrêmement mal les zones rurales, tandis que dans de nombreuses zones urbaines, une part significative de la population évite les transports publics en raison de l’insécurité qui y règne.
En clair, ce n’est sans doute pas un hasard si en 2018 la crise des Gilets Jaunes avait commencé avec la hausse des prix des carburants, tant l’automobile individuelle a une place importante dans la liberté des classes populaires en France.
Face aux tendances actuelles, mises en œuvre au nom tantôt de la sécurité, de mesures sanitaires, de l’environnement ou autres, les défenseurs des libertés individuelles auront fort à faire pour réaffirmer le droit de se déplacer librement, et bien évidemment le droit à la propriété individuelle.
Lire aussi
Que retenir du discours sur l’état de la nation de Viktor Orbán ?
Comme chaque année, à la mi-février, Viktor Orbán tient un discours majeur pour faire le bilan de l’année écoulée et annoncer les grandes lignes de l’année à venir, tout en mettant en avant les éléments principaux de sa vision et de sa stratégie.
Ferenc Almássy
Rapport : Hongrie
Après le succès de la première édition européenne l’an dernier à Budapest, la CPAC, réunion des conservateurs qui gravitent autour des Républicains états-uniens, s’est de nouveau tenue à Budapest début mai.
Ferenc Almássy
De l’hypocrisie des progressistes
S’il est une chose fascinante avec les progressistes, c’est qu’ils ne s’arrêtent vraiment jamais sur le chemin du Progrès. Et quand bien même la découverte de leurs nouvelles avancées laisserait croire que leur modèle n’est pas pérenne, tant leurs folies semblent dénuées de tout bon sens, cette progression permanente, paradoxalement, tend à leur donner raison : le Progrès ne connaît ostensiblement aucune limite.
Commentaires (0})