S’il est une chose fascinante avec les progressistes, c’est qu’ils ne s’arrêtent vraiment jamais sur le chemin du Progrès. Et quand bien même la découverte de leurs nouvelles avancées laisserait croire que leur modèle n’est pas pérenne, tant leurs folies semblent dénuées de tout bon sens, cette progression permanente, paradoxalement, tend à leur donner raison : le Progrès ne connaît ostensiblement aucune limite.
Cependant, bien qu’étant un paradigme ontologiquement moderne et matérialiste, le progressisme ne se révèle pas tant dans le monde physique – où l’odieux conservatisme crypto-fasciste des lois de la physique et de la biologie complique la vie de nos amis – que dans la morale, pourtant tant décriée, dénoncée et déconstruite par ces derniers lorsqu’elle ne correspondait pas à leurs idées, et vache sacrée dès qu’elle est leur.
Bien entendu, il nous arrive à tous, quelques fois, d’être un peu hypocrite, le plus souvent par politesse, pour ne pas froisser l’ego d’un enfant – ou d’un trans-enfant, c’est-à-dire un Occidental égotique et immature, donc capricieux et agressif, qui ne supporte ni la contradiction, ni la frustration. Et bien sûr, la politique est par excellence le terrain de jeu des hypocrites. Mais il y a une différence de taille entre notre hypocrisie du quotidien et celle dont témoignent nos amis progressistes.
Alors que, naïf, je croyais avoir tout vu en France, avec les négationnistes du Grand Remplacement qui mettent leurs enfants dans les écoles privées pour leur éviter de subir les conséquences de l’immigration massive et de l’enseignement déconstructionniste, j’ai été frappé ces dernières semaines par le niveau d’hypocrisie et de mauvaise foi des progressistes hongrois.
Il nous faut, avant de continuer ce récit et notre réflexion, clarifier de qui on parle ici, car le progressiste hongrois n’est pas un Occidental comme les autres. Un lecteur français, allemand, ou états-unien doit comprendre qu’on ne parle pas ici de Blancs issus d’une bourgeoisie sur le déclin, trop gâtés et ayant déjà grandi dans l’anti-racisme institutionnel, les gay pride et la haine de leur pays.
Non, le progressiste hongrois se retrouve dans deux profils distincts – c’est une description empirique, bien entendu, pas le résultat d’une analyse sociologique ; il faudrait pour cela qu’ils soient dotés d’un esprit critique vis-à-vis d’eux-mêmes, car bien entendu, ils monopolisent la sociologie ici aussi. Les influenceurs, politiciens et organisateurs de manifs sont des enfants d’apparatchiks ou de cadres de feu le PC hongrois, ou bien des « sales gosses » de nouveaux riches qui se sont fait leur beurre lors des années noires de la privatisation sauvage. Le gros de la troupe, en revanche, sont une fraction bien particulière de la société qui n’existe pas à l’ouest : ce sont les prolétaires post-soviétiques, les déshérités du changement de régime, acculturés par le socialisme d’État et récupérés par les vautours du mondialisme.
Cette 5e colonne a donc ses officiers et ses soldats. La troupe est constituée de gens ordinaires qui ne sont plus vraiment hongrois – ils se nourrissent exclusivement de fast-food, ne regardent que des films et séries des USA, s’habillent comme des Californiens, n’écoutent que des chansons en anglais et ont surtout pour base morale un gloubiboulga vaguement woke façonné par des décennies d’hégémonisme culturel sentimentaliste et mondialiste.
Ces progressistes sans idéologie ne sont que les conformistes de leur nouvelle culture, artificielle, importée et abrutissante. Rééduqués pour réagir à des stimulus émotionnels déclenchés par la presse dans le cadre d’opérations plus ou moins bien rodées, ils réagissent avec des réflexes pavloviens et sont voués à l’indignation. C’est que s’ils ne sont plus vraiment hongrois, ils ne seront jamais des Occidentaux à part entière, et ils le savent au plus profond d’eux-mêmes. Cette malédiction d’une frustration permanente, ils l’orientent bien entendu contre « le système », le « régime », c’est-à-dire, l’horrible dictateur Viktor Orbán, responsable de tous leurs maux.
Et leurs garde-chiourmes – ceux que nous qualifiions plus haut d’officiers de cette 5e colonne – veillent à ce que cet état d’esprit reste le plus véhément possible en nourrissant en permanence le ressentiment et la haine. Pour ce faire, ils n’ont aucune limite : quand il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir. Mais nous y reviendrons plus bas. Ces cadres, chiens de berger du cheptel local, sont des élites compradore, véritables wannabe winners d’un pays de la loose, qui espèrent faire partie des happy few mondialistes en appliquant comme des fayots tout l’agenda mondialiste – sans parfois y croire. En somme, de pathétiques capos. Je me rappellerai toute ma vie de ces journalistes anti-Orbán qui m’ont avoué avoir voté pour lui au dernier moment, ne faisant pas confiance, en temps de troubles, à leurs champions de l’opposition.
Nos chères élites progressistes hongroises sont devenues, en treize ans dans l’opposition, des professionnels de la défaite électorale et de l’indignation sélective. Nous aurons le plaisir de revenir une autre fois sur leur excellence dans la défaite – aucune opposition n’a subi autant de défaites calamiteuses en Europe depuis 1945 – et allons cette fois nous intéresser à cette indignation sélective exceptionnelle qui est l’objet de ce papier.
La palme revient assurément aux extrême-centristes – car sans retenue dans leur suivisme du « centrisme » européiste, mais aussi car ils vivent extrêmement au centre-ville de Budapest – du parti Momentum. Nos chères eurodéputées Katalin Cseh et Anna Donáth n’ont vraiment que leurs minois pour plaire. Dessous leurs masques de jeunes hongroises fringantes se trouvent la cynisme de politiciennes déjà expérimentées.
Allié au parti « Renaissance » d’Emmenauel Macron, Momentum n’a pas hésité à aller se plaindre à l’UE de violences policières et de fin de l’état de droit – encore !? il n’est pas déjà mort 58 fois depuis 2010 !? – aux institutions de l’UE au même moment où, en France, le président Macron et son ministre Darmanin faisaient réprimer un immense mouvement social non-partisan contre une réforme des retraites… appelée de ses vœux par la même Union européenne.
Une adolescente de 17 ans a perdu son œil, un manifestant plusieurs doigts. Trente blessés sévères et 300 arrestations. Voilà le bilan du seul 1er mai en France. Rappelons que 93% de la population française est opposée à cette réforme imposée par le gouvernement par décret à un Parlement opposé à la réforme. En quatre mois de mouvement social, la liste des abus est interminable. Un journaliste espagnol est tabassé au sol et en perd un testicule. Deux autres hommes subissent le même sort. Un syndicaliste a perdu un œil à cause d’un éclat de grenade lancée dans un cortège calme. Les coups de matraque sur la tête ou sur des journalistes sont indénombrables. Et ce n’est pas tout. La pression sur la presse est énorme. Un journaliste indépendant a eu le crâne ouvert et la main fracturée par un coup de matraque. Au total, des dizaines de journalistes ont subi des arrestations abusives, des dégradations de matériel, des coups et blessures de la par des forces de l’ordre. Mais tout cela ne compte pas : c’est la démocratie, c’est la police française.
Pendant ce temps, il faut s’inquiéter de ce qui se passe en Hongrie, où la démocratie est en danger et la police déchaînée, comme nous l’apprennent nos chers eurodéputés progressistes. Mais alors, que s’est-il passé en Hongrie qui occulte les dérives autoritaires et liberticides du régime de Paris me direz-vous ?
Eh bien, je vous le donne en mille : nos amis progressistes ont organisé des manifestations de quelques centaines ou milliers de personnes, et ont tenté d’attaquer le siège du Premier ministre Orbán, notamment en renversant les barrières de chantier à proximité – du bureau et des caméras – tout en se jetant au sol ou en envoyant des bouteilles sur les policiers. Et là, un moment, l’horreur du despotisme oriental s’est exprimé dans toute sa violence : la police hongroise a utilisé un spray lacrymogène sur les manifestants. Voilà, désolé de décrire une telle horreur, mais le monde doit savoir la violence dont use le régime de Budapest pour réprimer son opposition démocratique.
Cher lecteurs, vous l’aurez compris, le sarcasme m’est nécessaire pour supporter certaines infamies. Je vous prie de me pardonner. Mais, surtout, prions pour avoir la force de pardonner aux hypocrites cyniques du progressisme qui, décidemment, ne connaît pas de limites.
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