Face au mur de la réalité, quelles issues pour les gouvernements progressistes ?
Prenons d’abord le soin de bien préciser qu’il est important de ne pas confondre progressisme et démocratie. L’un peut très bien vivre sans l’autre. Une technocratie ou un empire peuvent être progressistes. L’URSS, surtout quand on la compare à la Russie tsariste, était progressiste. Churchill, de Gaulle, Adenauer ou encore Schumann ne peuvent décemment être qualifiés de progressistes et pourtant ce sont assurément des démocrates.
Ces 20 dernières années, les progressistes ont pris le pouvoir démocratiquement partout en Occident. Ce mouvement a été sûrement favorisé, à la fois par l’arrivée au pouvoir massive de la génération « mai 68 » dans les années 2000 et par une des décennies les plus lumineuses de l’humanité : les années 90, qui ont vu la fin du communisme, de l'apartheid, la démocratisation d'un nombre impressionnant de pays, la fin d’un nombre important de conflits armés et la diminution sans pareil de l'extrême pauvreté. L’Occident était alors triomphant dans tous les domaines : idéologique, militaire, économique, culturel et scientifique. L’euphorie a été telle que nous avons cru en la fin de la guerre, de la tyrannie, de l’histoire et même de la mort. Le progressisme devait nous emmener vers un paradis sur terre. Il ne pouvait s’arrêter, tel le Titanic, il se devait d’avancer, coûte que coûte, d’aller encore plus loin, si besoin en faisant fi de la réalité.
Le but affiché du progressisme peut paraître alléchant : faire de chacun d’entre nous un être sans limites dans ses droits. Mais pour avoir des droits illimités, il faut détruire toutes obligations et donc les solidarités familiales, religieuses, nationales, ce qui ne peut que créer un être humain égotique, sans foi, sans identité. Dans les faits et au final dans ce genre de monde, nous sommes seuls, isolés, privés de toute solidarité et donc à la merci du plus fort. Il est d’ailleurs particulièrement ironique que la gauche, anticapitaliste, ne s’interroge jamais sur le fait qu’elle promeut les mêmes idées sociétales que la plupart des grands milliardaires tels que Bill Gates, George Soros et grands groupes tels que Coca-Cola, Ikea, etc. Pourquoi leurs ennemis, à qui ils veulent tant de mal, les financent-ils tant ? Comment ne peut-on se rendre compte que partout où le progressisme règne, les sociétés et les États se délitent inversement proportionnellement au renforcement des grands groupes ? Les effets du progressisme sont partout les mêmes : division de la nation, déconstruction de la société et des solidarités.
L’ « exemple » français :
Prenons par exemple l’un des grands modèles du progressisme : la France. Ce pays a appliqué tous les crédos et recettes du progressisme. Son président Emmanuel Macron, à son arrivée au pouvoir, il y a maintenant 7 ans, était même considéré comme LE leader de ce mouvement, son grand héraut. Et ? La France n’a jamais été aussi divisée, « archipellisée ». Elle dégringole dans tous les classements, sauf ceux des prélèvements obligatoires, de l’insécurité et de l’accueil des migrants. Malgré le fait qu’elle soit numéro un mondial des impôts & taxes et des dépenses publiques, tous les Français ne peuvent que constater la dégradation inquiétante du niveau des services de santé, de l’éducation et de la sécurité. Et c’est sans parler du phénomène de reproduction d’élites glauques que les scandales sexuels récurrents mettent en exergue. L’on peut même parler d’agressions sexuelles systémiques chez les élites post-soixante-huitardes, qui avec la libéralisation des mœurs ont été bien trop tolérantes, voire bienveillantes, avec les prédateurs.
En réalité, tout ce qui a fait la grandeur et la richesse de l’Europe a fait l’objet d’une déconstruction systématique par les progressistes. La liberté d’expression est censurée par le politiquement correct, la démocratie est soumise aux désidératas des technocrates des hautes juridictions, la nation est ravalée au rang de concept fasciste, la chrétienté est considérée comme une vieillerie insalubre. La cellule fondamentale de toute société depuis le début de l’humanité : la famille basée sur un homme et une femme qui décident d’avoir des enfants n’est plus promue de peur d’enlever des droits à ceux qui ne peuvent en avoir. Le droit à l’avortement est promu comme LE droit des droits, le droit absolu, le droit suprême. Les plus hautes autorités de l’État, le président de la République et le premier ministre n’ont pas d’enfants. Comment s’étonner ensuite que le taux de fécondité s’effondre ? Alors les progressistes diront que ce n’est pas grave, il y a l’immigration pour pallier à ce problème. L’on fait d’une pierre deux coups, on résout le problème des retraites et on donne plus de droits à des êtres humains défavorisés. C’est du « gagnant-gagnant ».
Mettons de côté les coûts financiers liés à l’intégration, les problèmes d’insécurité et de débordements des services de santé, d’éducation, de justice (les recours liés au droit au séjour des étrangers représentent désormais plus de 40 % de l'activité des tribunaux administratifs), de logement et de transport créés par l’afflux massif et ininterrompu de nouveaux arrivants. Mettons aussi de côté le fait que 80 % des populations des pays européens demandent la fin de l’immigration et que 80 % de leurs élites leur refusent. L’afflux de migrants extra-européens met en danger notre modèle d’État-Nation, base de nos démocraties. L’Occident a essayé d’imposer la démocratie dans de nombreux pays et y a échoué, sans jamais s’interroger sur les raisons de ses échecs. C’est pourtant simple, outre un État, il faut que préexiste une nation, un peuple uni, ayant des solidarités naturelles les uns envers les autres, se sentant des affinités, des conventions communes, des règles non écrites que tout à chacun respecte. Tout cela ne peut se décréter d’en haut du jour au lendemain, il faut des siècles de vie commune pour y parvenir.
Le progressisme doit choisir entre la démocratie et la technocrature :
Pour toutes ces raisons, le progressisme est à la croisée des chemins. Soit il revient en arrière mais alors, par définition, il meurt, soit, pour ne pas mourir, continuer à avancer, il doit passer du régime démocratique au régime technocratique ou impérial. Pour l’instant, face à ce mur de la réalité, les progressistes ont d’abord été dans le déni, mais la réalité étant plus forte que tout, dans leur dissonance cognitive, ils ont inventé le « sentiment de réalité », il n’y a pas d’insécurité, mais un sentiment d’insécurité. Plus dangereux encore, ils vont jusqu’à « extrême droitiser » la réalité. Or il faut combattre l’extrême droite, le fascisme. Mais qu’est-ce que le fascisme si ce n’est de vouloir imposer sa politique par la force, sans respecter le résultat des urnes ? On le voit un peu partout, les progressistes qui commencent à perdre pied sont tentés de ne plus se soumettre au suffrage universel. Il est devenu de plus en plus courant d’entendre dans les médias progressistes que le peuple peut avoir tort, que les élites peuvent avoir raison contre lui.
Pour l’instant, les élites progressistes acceptent le résultat des urnes, mais parce qu’il leur est globalement favorable. Dès qu’il peut leur être défavorable, elles emploient tous les moyens pour l’empêcher. Comme aux USA pour empêcher Trump de se présenter, en France pour refuser de prendre en compte les voix des députés du RN ou pour trouver toujours des millions d’excuses pour ne pas organiser des référendums. Cela fait près de 20 ans qu’il n’y en a pas eu, depuis que les Français se sont prononcés en 2005 contre l’avis de leurs élites sur l’Europe. En Pologne, les élites européennes progressistes ont mis leur veto au versement de subventions aux conservateurs au pouvoir pour des soi-disant menaces sur l’État de droit. Dès que des progressistes ont repris le pouvoir et alors qu’en 3 mois ils ont bafoué l’État droit comme jamais ne l’ont fait les conservateurs en 8 ans, le versement des subventions a repris.
Actuellement, les progressistes monopolisent en Occident les postes à responsabilité dans les médias mainstream, la justice, les organes de contrôle, les écoles, les universités, les partis politiques et les syndicats. Que va-t-il se passer si les « non-progressistes » se mettent peu à peu à gagner toutes les élections ? Quelle va être leur réaction ? Il faut se rendre compte que le progressisme est une utopie d’un monde sans frontières. Dans ce monde, tous les problèmes sociétaux trouvent leurs sources dans le racisme et le sexisme. C’est pour cela que toutes les organisations doivent participer à l’endoctrinement, l’ingénierie sociale et la rééducation des individus par tous les moyens, car il en va de l’instauration du paradis sur Terre. Toute personne trouvant ce projet démentiel est considérée comme un ennemi de l’humanité tout entière et doit être traitée comme tel.
L’Histoire sera-t-elle à nouveau tragique ?
Il y aurait peut-être un espoir, mais qui a plus de chance de se transformer rapidement en tragédie. La base même de l’utopie progressiste, un monde sans frontière, est ridiculisée par le reste du monde qui la rejette et lui crache même dessus. La Chine, la Russie, l’Iran et leurs proxies qui nous ont désignés comme ennemis, comme aire civilisationnelle à soumettre, sont plus qu’un mur, c’est un semi-remorque bourré d’explosifs qui fonce droit sur nous. Se dessinent désormais deux scénarios. Soit les progressistes ne se réveillent pas de leur doux rêve d’un paradis sur terre et pour le faire durer le plus longtemps possible ils transforment l’UE en une technocrature progressiste. Mais alors son sort sera scellé par son impotence structurelle face à la réalité. Tout pays a une armée, soit la sienne, soit celle du voisin. Cette technocratie progressiste, n’ayant plus de légitimité populaire, ne pourra subsister qu’en s’inféodant aux grandes puissances et grands groupes. Soit face aux dangers extérieurs de toutes ces puissances vindicatives qui s’arment massivement pour nous soumettre, les progressistes se réveillent, stoppent leur dérive antidémocratique, acceptent des compromis, de partager, d’alterner le pouvoir et alors une union sacrée pour un réarmement massif sera possible. Certes les élites « non-progressistes » en Europe sont plutôt bienveillantes envers la Russie, mais ce n’est pas le cas des populations européennes et donc de leurs électeurs, pour l’instant. Il faut faire vite, car comme au temps de l’URSS et de la Chine de Mao, de plus en plus d’Européens qui font face chaque jour aux faillites du progressisme face au mur de la réalité, vont identifier ses dictatures qui veulent nous assujettir non comme une menace, mais comme un espoir.
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