Cette question peut paraître surprenante, tant la France accueille chaque année des dizaines de milliers de musulmans venant d’Afrique et du Moyen-Orient, malgré les coûts importants que cela lui occasionne. Pourtant, à chaque fois qu'un débat de société sur l'islam s'ouvre, ce dernier perd toujours.
Il en a été ainsi avec l'interdiction du voile à l'école, et aujourd'hui avec celle de l'« Abaya », qui paraît aussi incompréhensible pour un étranger qu'elle est passionnée pour un Français. L'Abaya est une longue robe arabe ample couvrant le corps du cou aux pieds, de style plus ou moins oriental. Elle se porte souvent avec un foulard par les musulmanes. Pour la rentrée scolaire, le gouvernement français a décidé d'en interdire le port à l'école. Comme le voile y est déjà interdit, les élèves, au final, sont interdits de porter une longue robe informe.
Ainsi, je me suis surpris à être d'accord avec la gauche radicale, qui, dans sa drague contre nature de l'électorat musulman, s'insurge contre un État dictant à nos enfants comment s'habiller. Surtout, qu'à mon humble avis, l'on trouve des accoutrements bien plus malséants dans nos écoles que l'abaya. Puis, j'ai écouté Gilles Kepel, le grand spécialiste de l'islam et du monde arabe contemporain, professeur des universités à l'université Paris Sciences et Lettres, qui dirige la chaire Moyen-Orient Méditerranée à l'École normale supérieure, pionnier et sommité de l'étude de l'islamisme et de ses dangers. Pour lui, « Le port de l'abaya à l'école a pour but de tester les limites ». Son port s'inscrit « dans une stratégie que le salafisme (islam rigoriste) appelle l'allégeance et la rupture ». « C'est-à-dire qu'on fait allégeance à la loi divine, telle que les salafistes l'imaginent et on rompt avec les lois des mécréants, qui sont celles de la République, pour essayer de marquer un territoire au lieu de prôner l'intégration républicaine (...). On essaie de favoriser ce que le président de la République appelait en d'autres termes le séparatisme ». « Les salafistes souhaitent un marquage dans la société française pour prendre en otage leurs coreligionnaires musulmans, ce n'est pas du tout une expression de l'islam, on peut exprimer l'islam de mille autres manières qu'en portant une abaya ! » Le président de la République, Emmanuel Macron, est exactement sur la même ligne en expliquant que, dans le cas du port de l'abaya, le gouvernement est intervenu car « tous les chefs d’établissement ont dit, à juste titre, que la pression est trop grosse sur nous. On a des parents qui nous défient, des gens qui testent la laïcité. Il ne faut pas se tromper, nous vivons dans notre société aussi - avec une minorité mais quand même - de gens qui, détournant une religion, viennent défier la république et la laïcité, et pardon, mais ça a parfois donné le pire. On ne peut pas faire comme s'il n'y avait pas eu l'attaque terroriste et l'assassinat de Samuel Paty [professeur décapité par un islamiste] dans notre pays, et ça s'est fait… » Il est évident que si cette robe est un marqueur de l'islam rigoriste qui mène par nature à l'islam combattant et ses horreurs, elle doit être interdite dans les plus brefs délais.
J'ai cru avoir enfin trouvé la paix sur cette question, jusqu'à ce que j'écoute la journaliste de CNews, Charlotte d’Ornelas (diabolisée dans les médias mainstream pour son opposition à l’immigration), s’insurger en disant : « Personne ne veut voir le vrai sujet, nous nous écharpons depuis une semaine sur l’abaya, mais rappelons qu’en 89 il y avait 3 voiles [islamiques] à Creil, et que nous nous sommes dit ? Nous allons interdire le voile mais continuer à faire venir des dizaines de milliers de personnes qui ont des mœurs étrangères sans jamais imposer les nôtres. Et bien terminé ! L’histoire se fait par la démographie ! » Il est vrai aussi que si l’on accueille plusieurs millions de musulmans en France, on ne peut s’étonner que l’islam s’y développe. Comme le disait élégamment Bossuet : « Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes ». Ceux qui tiennent ce genre de discours en bonne société se voient rétorqués immédiatement par des automates que « 90% des musulmans sont modérés et que l’islam des islamistes n’est pas le vrai islam ». Ce à quoi il est toujours répondu aussi automatiquement que, « les 10% de musulmans restant cela fait tout de même plus d’un demi-million de personnes, et ce sont essentiellement les non-musulmans qui affirment que l’islam des islamistes n’est pas le vrai ». Et d’interroger : « Pourquoi n’avons-nous vu aucun grand mouvement de musulmans français se lever pour dire que l’islamisme n’est pas le vrai islam, lorsque la France a été endeuillée par les multiples attentats islamistes ? Pire, l’on a vu dans certaines écoles des élèves refuser de participer à des minutes de silence. »
Vous remarquerez que jusqu’à présent, j’ai donné les grandes tendances d’opinions au sein de la société française, hormis celle des musulmans. Il faut noter qu’elle est difficilement obtenable, car contrairement aux catholiques il n’existe pas de clergé au sein de l’islam sunnite qui est pratiqué par plus de 95% des musulmans de France. L’organisme le plus représentatif des musulmans en France est le Conseil français du culte musulman. Selon ce dernier, l'abaya n'est pas un vêtement religieux, mais son interdiction serait islamophobe. Oui, vous avez bien lu, et c’est un discours qui a été repris par nombre de leaders musulmans et la gauche radicale : l'abaya n'est pas un vêtement islamique, mais son interdiction est islamophobe. Certains vous diront que c'est une forme de taqiyya, qui signifie en arabe « prudence » et « crainte ». Ce terme désigne, au sein de l'islam, une pratique de précaution consistant à dissimuler ou à nier sa foi afin d'éviter la persécution. Elle a aussi une autre interprétation qui est considérée par certains comme islamophobe : dans un but de conquête, une autorisation faite au croyant de mentir aux mécréants.
En fait, la vraie question, que personne n’ose poser et qui résoudrait tous les problèmes, est : quelle est la vraie nature de l’islam et quel islam pour la France ? En Europe, nous avons pris la fâcheuse tendance à décrire l'islam comme une religion de paix et d'amour, à le décrire comme nous souhaiterions qu'il soit et non comme il est. L'islam est complexe. Sans parler des traitements atroces réservés aux homosexuels, femmes et non-musulmans, ou de l'abaissement de la femme, prenons la vie du prophète de cette religion : Mahomet. Remarquez qu'en Europe, on dit souvent « Le Prophète » pour le designer, comme si l'islam était la seule est vraie religion. La vie de Mahomet est l'exemple à suivre pour tout musulman. On peut diviser la vie de Mahomet en trois grandes périodes. Au début, c’est un honnête homme courageux qui vit dans une relative pauvreté. Par mariage, devenu riche et influent, il s’occupe des pauvres et défend les opprimées, tout en participant aux jeux de pouvoir de sa cité. Puis, vient la troisième et dernière partie de sa vie où il finalise la définition et le cadre de l'islam. Obligé de fuir La Mecque, il se réfugie chez des tribus juives de Médine qui l'accueillent car lui, sa famille et ses disciples sont en danger de mort. Ces tribus lui donnent même des terres pour lui et ses compagnons d'infortune afin qu'ils puissent vivre. Alors qu'il est invité, il va imposer sa volonté et ses règles. De chez ses hôtes, il va mener des razzias, provoquer ainsi des représailles et commettre des crimes atroces contre les tribus juives qui l'ont accueillis car refusant de se soumettre à la loi musulmane, être associées à ses vols et ses guerres. Il va ainsi massacrer tous les hommes juifs de Médine et partager avec ses "compagnons" leurs femmes, enfants et biens. Ceux-là mêmes qui l'avaient sauvé, lui et les siens. La morale de la vie de Mahomet est que l'on ne peut trouver la paix avec les musulmans que dans la soumission totale à l'islam. C’est cet homme qui est l'exemple absolu pour tout bon musulman.
Pour comprendre l'islam, il est intéressant d'écouter le philosophe et historien, membre du prestigieux Institut de France, Rémi Brague : « La différence est assez difficile à tracer entre islam et islamisme, c’est une différence de degrés plutôt que de nature. L'islamisme est un islam impatient et l'islam un islamisme patient. Mais je me demande si le but dernier ne serait pas le même pour les deux. (...) Je suis évidemment un homme des textes, c’est mon travail. On peut aisément montrer que l’inquisiteur Torquemada a trahi l’Évangile, mais bien moins facilement que Daech [État islamique] trahit le Coran. Et il faut voir la difficulté qu’ont eue les gens d’al-Azhar [L'université al-Azhar, basée au Caire, est depuis 988, l’un des plus anciens et prestigieux lieux d'enseignement islamiques au monde] à émettre une condamnation envers les djihadistes, parce que Daech leur disait : ‘lisait la biographie du Prophète, c’est exactement ce que nous faisons.’ On peut citer l’exemple du malheureux pilote jordanien qui a été brûlé vif par Daech, et là il y a eu une discussion entre les gens d’al-Azhar qui ont dit ‘non il fallait juste lui couper une main et un pied, seul Dieu brûle les pécheurs en enfer’. Daech a répondu qu’un compagnon du Prophète avait brûlé vif ses adversaires, et que donc cela ne pouvait être complètement mauvais. Au contraire il est bien plus difficile de justifier les croisades par l’Évangile. De plus, les croisades sont un fait historique daté, alors que le djihad est une obligation permanente, qui n’est pas située dans le temps et peut prendre différentes formes, pacifiques ou non. C’est une obligation qui est censée venir de Dieu, car le Coran, pour les musulmans a pour auteur Dieu. »
En fait, les autorités musulmanes de France ne veulent pas d’un grand débat sur ce qu'est réellement l'islam, car nombre de personnes de culture chrétienne se rendraient compte à quel point cette religion est éloignée de toutes leurs valeurs. La gauche radicale ne veut pas de ce débat non plus, car il la confronterait à toutes ses contradictions, son athéisme forcené, son libéralisme sur les mœurs en opposition totale avec les prescriptions de l'islam, mais aussi et surtout à son fantasme inavoué : faire des musulmans des athées comme les autres. Le centre, lui, ayant une sainte horreur des débats de fond clivants, préfère s’attaquer aux conséquences visibles, plutôt qu’aux racines, en montrant à son électorat qui en a assez de voir les symboles de l’islam s’imposer partout en France, qu'il agit en interdisant l’abaya à l’école. La droite française, tombée depuis une quarantaine d'années dans un vide intellectuel abyssal, sidéral même, fantasme qu’un jour elle se réveillera et qu'il n’y aura plus de musulmans et d’immigrés en France. Et que l'enfant naturel de Napoléon et de Gaulle sera au pouvoir et fera de nouveau la France grande. Le déni de la droite française qui n’arrive pas à concevoir que l’islam fait désormais partie du paysage français après 50 ans d'entrées massives est tout simplement ébouriffant.
En fait, de la gauche, en passant par le centre jusqu'à la droite, la France est islamophobe, mais inconsciemment, car elle l'est par nature, tant la culture et la civilisation islamique sont en opposition avec tout ce qui constitue le pays de l'art de vivre, son vin, sa cuisine, son libertinage, son esprit grivois et critique, son égalitarisme, sa laïcité, ses femmes engagées et libres. Par humanisme et universalisme, qui sont aussi des éléments constitutifs d'elle-même, la France refuse de se l'avouer. Ou plus exactement ce sont ses élites qui ne veulent pas voir la vérité en face, puisque sondage après sondage, la très grande majorité des Français se disent favorables à l'arrêt de l'immigration extra-européenne.
Lire aussi
France - un État de droit chimérique qui décrédibilise l'État et délégitime le droit
Encore une fois, un professeur, Dominique Bernard, a été assassiné. Encore une fois, l'auteur n'avait rien à faire en France et aurait dû être expulsé depuis longtemps.
Patrick Edery
France : vers le chaos ?
Tous les sondages et commentateurs avaient prévu que le Rassemblement National de Marine Le Pen gagnerait les élections européennes en France avec plus de 31 % des voix, soit plus de deux fois le score du parti du Président Macron, arrivé second avec 14 %.
Commentaires (0})