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Rapport: France, Mai 2023 - mixité sociale & lutte contre la transphobie ne sont bonnes que pour les enfants de la populace et non ceux de l'establishment

2023-06-11
Temps de lecture 8 min
Ce mois de mai, en France, le ministre de l'Éducation français, Pap Ndiaye, lançait à la fois son plan pour la mixité sociale et des campagnes contre les LGBT-phobies à l'école. Pap Ndiaye, à sa nomination, il y a un an, était totalement inconnu du grand public. Enseignant-chercheur, historien, spécialiste de l'histoire sociale des États-Unis et des minorités, enfant d'une mère enseignante originaire de la France profonde et d'un père ingénieur sénégalais, il déclare "partager la plupart des causes" wokes. Sur la forme, son style assez strict et son port altier engoncé dans de beaux costumes tranchent avec le laisser-aller de nombreux politiques. Cela faisait longtemps que la France n'avait plus connu un ministre qui ressemble à un ministre et non à un trader.


À sa nomination, la droite française était vent debout, car elle considérait comme une véritable déclaration de guerre la désignation, par Emmanuel Macron, d'un ministre de l'Éducation "wokiste, islamogauchiste intersectionnel". Bizarrement, sûrement par ignorance, la droite française n'a pas remarqué et utilisé le fait que cet intellectuel progressiste radical faisait, au final, le même constat que l'identitaire Renaud Camus et son célèbre "Grand remplacement", quand Pap Ndiaye déclarait : "Notre mission, c'est faire de l'immigration un élément central de l'histoire nationale".

Au regard de son CV, on aurait pu penser que le gouvernement progressiste d'Emmanuel Macron le mettrait sur le devant de la scène, mais on ne sait pour quelle raison ce ministre à la tête du ministère bénéficiant du plus gros budget, soit 60 milliards d'euros, est particulièrement discret. Je ne suis pas certain que si vous faisiez un micro-trottoir dans les rues françaises, nombreux seraient ceux capables de le nommer. Les seuls sujets sur lesquels il semble travailler sont les "LGBT-phobies" et la "mixité sociale". Malgré les retards de plus en plus visibles de l'école publique française, qui ne cesse de baisser dans les classements PISA, la lutte contre l'illettrisme et le manque d'ingénieurs ne sont pas la priorité du ministre, mais plutôt la promotion des identités de genre des élèves pour mieux lutter contre leurs discriminations. Entendons-nous bien : il est intolérable qu'un adolescent soit harcelé car homosexuel, mais il est également inacceptable qu'un enfant soit harcelé pour être un peu "lent", obèse, efféminé, orphelin, bon en classe, juif, catholique, musulman, etc. Décider qu'une souffrance chez les enfants est supérieure à une autre est particulièrement odieux. De plus, cela semble être une manœuvre politicienne pour donner l'impression que l'État agit, alors qu'il est impuissant à redresser le niveau scolaire dans les établissements publics français.

À mon époque, dans les années 80-90, les établissements privés accueillaient essentiellement les enfants en échec dans le public ou les enfants de parents catholiques pratiquants qui souhaitaient que leurs enfants évoluent dans un environnement respectant leur religion. L’école publique était considérée comme la filière d'excellence. Aujourd'hui, les problèmes de comportement, de sécurité et de niveau sont tels dans le public que c'est le privé qui est considéré comme la filière d'excellence. La même bourgeoisie progressiste qui vous dira que le principal problème d'intégration des populations immigrées est qu'on les "entasse" dans des banlieues, tout en restant dans ses beaux quartiers et en s’insurgeant lorsque des centres d'accueil de migrants s'installent en bas de chez eux, pleure l'absence de mixité sociale dans le public, mais met ses enfants dans le privé. Il faut se rendre compte que dans les grandes agglomérations, certains lycées accueillent plusieurs dizaines de nationalités, ce qui entraîne des problèmes de maîtrise du français et donc des retards dans l'apprentissage des autres matières. De plus, désormais des enfants sont stigmatisés en raison de leur couleur de peau blanche. Mais au lieu de chercher des solutions à ces problèmes, Pap Ndiaye a préféré lancer un grand plan pour la "mixité sociale" dont tout le monde sait déjà qu’il ne servira à rien.

Tout cela serait le "progressist circus" habituel, essayant de cacher les conséquences dévastatrices de l'immigration de masse non maîtrisée sur toutes les infrastructures de l'État, si ce n'était le fait que le ministre de l'Éducation ait scolarisé ses enfants à l'"École Alsacienne", qui a annulé ses ateliers sur la transphobie suite aux plaintes des parents d'élèves.

L'École Alsacienne est un établissement parisien d'enseignement privé prenant en charge les enfants dès l'âge d'environ 3 ans jusqu'au bac. Cet établissement très sélectif et select est, disons-le, l'école la plus prisée de l'establishment parisien. Y entrer vous assure un avenir radieux. Eh bien, notre ministre, qui donne de grandes leçons sur la mixité sociale, y a mis ses enfants. Mieux encore, cette école privée élitiste qui a d'excellents résultats, pendant que le ministre de l'Éducation faisait en ce mois de mai la promotion de la lutte contre les LGBT-phobies, a mis fin aux ateliers en son sein de l'association OUTrans suite aux plaintes des parents d'élèves. Les parents ont été "scandalisés", car les intervenants de cette association ont "recadré sèchement et accusé" leurs enfants d'être transphobes parce qu'ils refusaient d'admettre qu'aujourd'hui des hommes pouvaient être enceints et d'accepter des hommes Trans dans les toilettes des filles. Les enfants témoigneront : "On avait vraiment l'impression qu'elles voulaient nous pousser à devenir trans, que c'était super cool de faire une transition", "Les animatrices parlaient comme si les trans étaient une énorme partie de la population, on sait bien que ce n'est pas vrai, et lorsqu'on leur disait cela, elles nous engueulaient." Le président de l'Association des parents d'élèves de l'École Alsacienne reconnaîtra : "Ce qui me frappe, c'est l'intolérance de ces gens qui étaient là pour prôner au contraire la tolérance". Ces enfants ont la chance d'avoir des parents influents et très impliqués dans leur éducation. Mais qu'en est-il des enfants des établissements publics, élevés par un parent seul, habitant en banlieue et devant partir à 6 heures du matin pour aller travailler à Paris et rentrant le soir à 19h pour préparer le dîner, avant de s'effondrer d'épuisement devant la télévision ?

Vous vous demandez comment les Français peuvent-ils endurer une telle tartufferie de la part de ce ministre ? C'est en fait très simple. Tout d'abord, les médias de masse ne l'interrogent pas lorsqu'ils l'interviewent sur le fait qu'il donne des leçons sur la mixité sociale et promeut les idéologies LGBT auprès des enfants des autres alors qu'il ne l'impose pas à ses propres enfants. Si vous ne suivez pas l'actualité sur internet, vous aurez beaucoup de mal à le savoir. Ensuite, il y a presque deux scandales de ce niveau par semaine. Un scandale chasse l'autre. Tout le monde en parle pendant trois ou quatre jours, puis on passe au scandale suivant. C'est le "progressist circus" perpétuel.

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