Dans mon édito du 11 juin (LINK), j'avais commencé à vous parler du « progressist Circus » pour expliquer la passivité des Français face à l'incroyable hypocrisie de leurs élites dirigeantes, notamment du ministre de l'éducation nationale qui promeut la mixité sociale et les idéologies LGBT auprès des enfants des autres, alors qu'il ne l'impose pas à ses propres enfants éduqués dans l'école privée la plus élitiste de France.
Comme je l'expliquais dans cet article, le « progressist Circus » consiste à chasser un scandale par un autre à une fréquence élevée. Tout le monde en parle pendant trois ou quatre jours, puis passe au scandale suivant. C'est le « progressist Circus » perpétuel. Le mois de juin, en France, n'a pas échappé à cette règle. Nous avons eu droit, en dix jours, à deux scandales principaux et leurs sous-scandales, saupoudrés de mini-scandales.
Le premier de tous est bien sûr l'attaque au couteau de 4 enfants en bas âge de 2 à 3 ans et de 2 adultes par un Syrien le 8 juin. Comme d'habitude, médias et bonnes consciences ont commencé par inviter au recueillement, à ne pas faire d'amalgame et à répéter sans cesse que l'auteur des crimes était en situation régulière, comme si c'était une circonstance atténuante. La droite, elle, s'est indignée que cet homme aurait dû être renvoyé du territoire français selon le règlement européen dit de Dublin. Les centristes ont appelé « à la raison » et à ce qu'un examen et un suivi psychiatrique soient réalisés pour tous les demandeurs d'asile et migrants. Mais la vérité est que l'administration est bien trop débordée par les demandes pour faire appliquer le droit européen, et qu'il n'y a pas assez de psychologues et de psychiatres en France pour assurer le suivi de tous les migrants qui entrent chaque année en France, surtout que la structure des soins psychiatriques français ne cesse de se détériorer. Mais le débat public, comme d'habitude, ne s'est pas posé ainsi. Tout d'abord, la gauche et tous les progressistes ont accusé la droite de ne pas avoir de cœur, de ne pas voir l'émotion du pays et de profiter d'un fait divers pour imposer ses idées nauséabondes xénophobes. Comme à chaque fois, son propos était d'inviter d'abord à panser nos plaies avant d'avoir une vraie réflexion sur l'immigration. Comprenez : il est urgent d'attendre le prochain scandale pour éviter que l'on parle des choses sérieuses. Ce discours pourrait s'entendre s'il s'agissait du premier fait divers de ce type, voire du deuxième ou du troisième, à la rigueur du dixième, voire du vingtième ou du trentième, voire même du centième, mais nous n'arrivons même plus à les compter. Et nous n'en tirons toujours aucune leçon. Ces sous-scandales ne se sont pas arrêtés à cet échange de ping-pong aussi habituel que lassant pour tous les Français. La gauche a éprouvé le besoin impérieux de s'attaquer au jeune héros de 24 ans qui a arrêté le massacre en allant au contact du criminel pour détourner son attention sur lui et permettre la neutralisation de l'assaillant. Henri (tel est le prénom de ce courageux jeune homme) avait mal commencé en écrivant sur Facebook, suite à l'attaque : « Priez pour les enfants, moi je vais bien. ». Puis son cas s'est aggravé quand on a appris qu'Henri faisait un périple à travers la France, de cathédrale en cathédrale, pour faire connaître au plus grand nombre, via les réseaux sociaux, nos monuments religieux. Il déclarait en avril sur Aleteia : « J'ai toujours eu le goût de la marche, et l'associer aux cathédrales, c'est en quelque sorte réaliser un grand pèlerinage ». Et enfin, quand la gauche l'a vu porter un T-shirt avec un petit drapeau français, elle n'a plus su se retenir. Dans le journal « 20 minutes », on a pu lire, dans un article d’un journaliste militant de gauche : « avec son passé, son côté sombre et ses éventuelles casseroles, le jeune homme, au discours bien rodé et presque prédicateur, a été alternant pour le journal d'extrême droite ‘L'homme nouveau’. Il va peut-être tomber de son piédestal plus vite qu'il n'y est monté ». Dans le journal de la gauche parisienne bourgeoise, "Libération", on en profite pour attaquer le seul média non progressiste de France avec un article dont on sent que l'auteur, très à gauche, avait la bave aux lèvres quand il l'a écrit. Son titre est : « Henri d'Arc, un héros chez Bolloré [milliardaire français ayant constitué un petit groupe de médias non progressistes] », et ses premières lignes :
« Sur CNews [chaîne d'information, un peu équivalente à Fox News], vendredi 9 juin, l'interview du jeune homme de 24 ans qui a pourchassé l'assaillant du lac d'Annecy est l'occasion pour Pascal Praud [animateur-éditorialiste emblématique de cette chaîne] de pousser à fond sur le sentier de la transcendance. Le chemin des cathédrales ? ‘Je fais pendant neuf mois le tour des cathédrales de France. Ma volonté est de faire découvrir ces cathédrales, monuments magnifiques construits par nos ancêtres, abreuvés de grandeur. C’est ça qui peut nous pousser à agir dans le juste, dans le bon et dans le beau. Ces chefs-d’œuvre gratuits ont quelque chose à nous transmettre, et une beauté dont il faut s’inspirer.’ Sur le plateau de la chaîne du catho-tradi Bolloré, passe une sorte de frisson incrédule, un souffle de grâce devant tant de fraîcheur et de sincérité, quelque chose comme ‘c’est trop beau pour être vrai.’ On y reconnaîtrait presque, sept siècles plus tard, la méfiance des interrogateurs de Jeanne d’Arc devant les ruses du Malin : saint authentique ? Imposteur ? »
Pendant ce scandale et ses sous-scandales, de nombreuses polémiques ont lieu, comme celle sur le fait que de plus en plus de jeunes filles portent l'abaya au collège (tenue portée par certaines musulmanes, composée d'une longue robe couvrant tout le corps et du voile). Puis arrive le second scandale et ses sous-scandales : celui du « Fonds Marianne ». Créé en avril 2021, suite à l'attentat islamiste contre Samuel Paty, professeur d'histoire-géographie, assassiné par arme blanche et décapité car il avait montré, lors d'un cours sur la liberté d'expression, deux caricatures de Mahomet. Le jeune terroriste musulman s'étant apparemment « radicalisé en ligne », le Fonds Marianne a pour objectif de « soutenir des acteurs de la lutte contre la radicalisation, notamment en ligne ». Il est lancé par la très médiatique secrétaire d'État, Marlène Schiappa, fan absolue d'Emmanuel Macron et qui ne cesse de donner des leçons de progressisme. Une somme de 2,5 millions d'euros est allouée et répartie entre les 17 associations. Les médias de gauche vont alors se rendre compte qu'une association ayant reçu 300 000 euros du fonds Marianne aurait financé des vidéos diffusant « des contenus politiques à l'encontre d'opposants de gauche d'Emmanuel Macron pendant les campagnes présidentielle et législatives ». L'association a publié 57 vidéos sur YouTube à destination des jeunes. La plupart de ces vidéos étaient financées par de l'argent public et s'en prenaient à des adversaires de gauche d'Emmanuel Macron. Or, il est interdit d'utiliser des moyens publics afin d'influencer le résultat d'une élection. Suite à ces révélations, le Parquet national financier (PNF) a ouvert une information judiciaire pour soupçons de détournement de fonds publics dans la gestion du Fonds Marianne et des perquisitions ont été menées ce 13 juin aux domiciles de plusieurs acteurs mis en cause dans cette affaire, dont Mohamed Sifaoui. M. Sifaoui est, avec Mme Schiappa, l'acteur le plus connu de cette affaire, comme elle, il adore donner des leçons à la terre entière. Or, selon les premières informations, l'enquête a révélé que son association, qui a reçu 350 000 euros, aurait utilisé cette somme pour le rémunérer lui et un autre dirigeant à hauteur de 120 000 euros net. Une partie de cette subvention publique a aussi financé la location d'un bureau situé dans la très chic avenue Montaigne à Paris et réalisé des publications sur les réseaux sociaux qui auraient atteint pas plus de « 50 vues » pour la majorité d'entre elles. Le lendemain de ces perquisitions, le 14 juin, la commission d'enquête du Sénat sur le fonds Marianne contre le séparatisme entendait Marlène Schiappa, dont la défense consistait à dire qu'elle était une blanche colombe mal entourée. Puis, le 15 juin, ce fut le tour de M. Sifaoui qui fut entendu et qui rejeta toute la faute, avec beaucoup de véhémence, sur Marlène Schiappa et ses collaborateurs. Pendant ce scandale, où l'on se rendait compte que les mêmes, qui s'indignent que la droite n'ait pas de cœur en voulant tirer les leçons des attentats, se repaissent de fonds publics dédiés à la mémoire des victimes de ces attentats, une autre polémique se faisait jour.
Une vidéo d'une « représentation artistique » mettant en scène des « artistes » nus ou dénudés, des godemichés et un jardin où des actes sexuels sont effectués avec des plantes, une « introduction à l'écosexualité », a suscité de vives réactions par la présence d'enfants. Ce « mouvement artistique » cherche « à s'unir avec la nature et à exprimer leur affection envers elle à travers des connexions spirituelles et des pratiques sexuelles ». On peut lire sur leur site : « Petit manuel indocile d'introduction à l'écosexualité interroge nos relations au Vivant. Un jardin comme espace de subversion des normes établies. Un jardin où l'on danse ensemble en hommage aux godes, liens subversifs entre le public et le privé, l'intime et le politique. Un jardin où l'on baise avec les plantes et partage des tisanes. Un jardin où l'on éveille son corps aux joies de la pratique et de la pensée écosexuelle. » La « troupe d'artistes » responsable de cette « performance » reçoit de l'argent de l'État français et de la ville de Lyon, dont le maire est un écologiste. C'est un élu de l'opposition, du parti de droite Les Républicains, qui a révélé cette vidéo. Encore une fois, toute une série d'échanges de ping-pong se fait entre la droite et la gauche, échange conclu par l'information que le maire de droite de Sens, du parti Les Républicains (le même parti que l'élu de droite qui dénonçait cette vidéo), invitait les « performeurs » écosexuels à se produire en public le vendredi 24 juin 2023 à l'occasion de la Journée olympique « en route pour les Jeux ».
Pour nos amis européens vivant dans les ex-pays du bloc soviétique, tout cela paraît hallucinant et ils se désolent que les populations de l'Ouest puissent accepter ce « progressist Circus ». Mais il faut comprendre qu'il s'est installé peu à peu, sur une longue période de temps. Il y a 40 ans, quand ce cirque a commencé, il y avait un scandale de ce type tous les 3 ans. Tout le monde se disait : « C'est l'écume de la modernité. » Puis nous sommes passés, sans que l'on s'en rende compte, de tous les 3 ans à tous les ans, tous les 6 mois, tous les mois, à plusieurs fois par mois. Nous nous sommes lentement mais sûrement habitués à l'inadmissible ou à la résilience, comme préfèrent le dire les progressistes. D'une société chrétienne tolérante, nous sommes passés à une société progressiste relativiste. Mais comment faire autrement quand on veut absorber pacifiquement des dizaines de millions d'hommes et de femmes venant d'autres continents et civilisations ? Ce que nous observons, ce sont à la fois les frictions qui existent depuis des centaines d'années entre les mondes chrétiens et musulmans et la déconstruction nécessaire des identités des populations autochtones pour permettre l'acceptation sans heurts d'une grande masse de populations étrangères. Ce n'est pas pour rien que les principaux penseurs de la gauche et du progressisme, partisans de l'immigration, ont pour leitmotiv la « refondation » et la « déconstruction ».
Tout ce qui a fait la grandeur et la richesse de l'Europe doit faire l'objet d'une déconstruction systématique, telle que la liberté d'expression qui doit être censurée par le politiquement correct pour éviter que l'on s'interroge sur les effets dévastateurs de l'immigration incontrôlée. Consciemment ou inconsciemment, tout mène à la création d'un nouvel Européen hors-sol, sans attache, à l'affaiblissement des États et à la privation de nos identités. D'ailleurs, il suffit d'écouter le Président Macron, qui répète sans cesse qu'il faut une refondation de l'Europe, de la France, de la politique, de la démocratie, etc. Le but ultime de Monsieur Macron et des progressistes peut paraître alléchant : faire de chacun d'entre nous un homme sans limites dans nos droits. Mais pour cela, cela oblige à détruire les solidarités familiales, religieuses, nationales, ce qui ne pourra que créer un homme sans obligations, sans foi, sans identité. Le pire, et dans les faits, c'est qu'au final, si nous acceptons cela, que nous soyons chrétien, musulman, juif, français, polonais, allemand, dans ce genre de monde, nous serons seuls, isolés, privés de toute solidarité, à la merci du plus fort.
Si par son ampleur cette ingénierie sociale est exceptionnelle, elle n'a rien de singulier. Dans l'histoire, cette évolution se retrouve dans toutes les sociétés d'abondance. Aussi, entre intention préméditée et conséquence naturelle, il est bien difficile d'établir qui est le premier de l'œuf ou de la poule dans le « progressist Circus ». Mais comme le disait Shakespeare : « Bien que ce soit de la folie, il y a pourtant de la méthode. »
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